Page:Leibniz - Réfutation inédite de Spinoza.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XLVII

sans beauté ni laideur, sans vice ni vertu, elles croupissent dans l’inaction, et vont se perdre dans une éternité chimérique, où elles portent avec elles les infirmités de la vieillesse, et les symptômes de l’imbécilité, je veux dire : le défaut de conscience et celui de mémoire que, suivant Spinoza, la mort leur enlève par un bienfait.

Pour Leibniz, au contraire, l’immortalité de l’âme enveloppe le souvenir et la connaissance de ce que nous sommes, c’est-à-dire la personne humaine. « Je pense, nous dit-il, contrairement à Spinoza, que toujours quelque imagination et quelque mémoire demeurent, et que sans elle, l’âme serait un pur néant. Il ne faut pas croire que la raison existe sans le sentiment ou sans une âme. Une raison, sans imagination ni mémoire, est une conséquence sans prémisses. »

Telle est, sur l’immortalité, la doctrine de nos deux philosophes ; leurs voies sont diverses, leurs mérites ne le sont pas moins. On ne voit pas, en effet, que Spinoza ait rien fait en philosophie pour maintenir la prérogative des esprits