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LV

L’harmonie préétablie qui développe dans les êtres la spontanéité du dedans, restreint, disons mieux, annule leur influence au dehors. C’est une suite de la notion que Leibniz a de la substance. Pour lui, chaque substance est si bien un être proprement dit, organisé comme dans un petit monde à part, avec le pouvoir de se suffire et de tirer de sa nature la suite de ses événements qu’il nie positivement, l’action d’une substance sur une autre. Une telle influence, nous dit-il, physique ou réelle, dans la rigueur des termes, outre qu’elle est inexplicable, est inutile. C’était l’erreur de son siècle, partagée par Descartes, de la croire inexplicable, mais c’est un trait propre au génie de Leibniz de la supposer inutile.

Au XVIIe siècle, par influence physique, on entendait quelque chose d’analogue à la transmission des espèces intentionnelles voiturées dans les sens, ou bien encore comme si un courant parti du corps fût venu traverser l’âme. À quoi Leibniz objecte avec esprit que ses monades n’ont point de fenêtres, qu’elles ne laissent rien entrer ni sortir.