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LVI

Pour se passer d’une telle influence et la croire inutile, il fallait que Leibniz eût une foi bien robuste dans la virtualité de ses monades, ou qu’il eût bien peur de les laisser pénétrer par des influences étrangères.

Cette crainte, comme on le verra bientôt, n’était pas sans fondement.

Mais Spinoza, nous dit-on, pas plus que Leibniz, pas plus que le maître commun, Descartes, n’admettait cet influx physique d’une substance sur une autre.

Sans doute Spinoza n’admettait pas une telle influence, il ne pouvait pas l’admettre, mais il faut savoir pourquoi ?

Le Spinozisme est un système qui prétend tout expliquer par l’action de Dieu. Spinoza comparait Dieu à un potier qui tient dans ses mains la boue dont il pétrit des vases, les uns pour la gloire et les autres pour l’infamie. Ces vases tout ouverts, qui laissent couler la liqueur vile ou précieuse dont Dieu les emplit, sont une belle image de ce que deviennent les âmes et les corps dans un système qui leur enlève toute action et n’en laisse qu’à Dieu seul.