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LVIII

que la substance perd nécessairement quelque chose d’elle-même, qu’elle s’altère en se communiquant. Elle quitte une forme, et en prend une autre. Elle change, disons mieux, elle se dénature.

Il le faut bien, puisque Spinoza fait entrer Dieu dans la nature des choses comme un élément, puisqu’il le fait influer sur elles physiquement avec une telle force, que toute autre influence devient superflue.

Cette influence physique de la divinité dans la nature est telle, suivant Spinoza, qu’il prétend expliquer par elle la connaissance que l’âme a de son corps et de tous les autres. Une âme qui perçoit un corps, c’est Dieu qui met dans l’âme la connaissance de ce corps. Malebranche y voyait une sorte d’opération divine, surnaturelle, presque miraculeuse. Spinoza y voit, au contraire, une opération divine, naturelle ou physique. Voici comment : Dieu entre dans la nature de l’âme par les idées : en tant qu’il la constitue et qu’il s’exprime par cette nature, il a des idées : donc l’âme perçoit[1].

  1. Coroll. Prop.  XI et Prop. XII, XIII, p. 2.