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Page:Leibniz - Réfutation inédite de Spinoza.djvu/83

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et qui n’allait pas moins qu’à changer la face de la science. Car il s’agissait, pour écarter les difficultés sans cesse renaissantes de la métaphysique, d’emprunter la physique cartésienne son principe et ses lois du mouvement qui règlent l’univers matériel, et de les transporter dans le monde des âmes, afin que, soumises aux mêmes lois, les âmes gardassent le même ordre que les corps.

De la sorte, Dieu qui fait tout dans les corps, faisant tout dans les âmes, il aurait bien fallu que tout marchât suivant ses lois, et qu’un accord forcé s’établît entre les modes de la pensée et les modes de l’étendue.

La physique cartésienne, il faut l’avouer, offrait de merveilleuses facilités pour une telle entreprise. On conçoit que cette idée d’une matière homogène partout également répandue, qui ne se diversifie dans les corps que par le mouvement, idée qui fait le fondement de la physique de Descartes, ait séduit Spinoza. Un monde nous est donné d’une simplicité admirable, qui n’a besoin pour être diversifié de mille manières que des seules lois du mouve-