Page:Leibniz - Réfutation inédite de Spinoza.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LXXIII

trer qu’elles violaient l’égalité de la cause et de l’effet. »

Spinoza voyait si peu le défaut de ces règles appliquées à l’univers matériel, que, suivant une pratique qui lui est familière, il les transporte en pleine métaphysique, et qu’il règle, d’après ces lois purement physiques, le développement de Dieu dans l’ordre de la pensée. On ne s’est pas encore avisé de cette incroyable et dernière transformation que Spinoza fait subir à la physique cartésienne, appelée à de plus hauts emplois. Elle mérite quelque attention.

On se rappelle que Spinoza, en Théodicée, pressé de tous côtés par les difficultés qui l’assiègent au sujet de la création, se dégage par une transformation soudaine, inattendue du vieux principe matérialiste « Ex nihilo nihil, » en un axiome évident par lui-même, se proclamant loi de la raison et s’imposant à titre de vérité éternelle.

Cette transformation n’était rien cependant au prix de celle que Spinoza préparait dans le premier livre de l’Éthique, et qu’il achève dans les suivans. Transformation radicale cette fois,