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De l’extrémité des avenues, on aperçoit des ours, enivrés
de raisins, qui chancellent sur les branches des ormeaux…
(Tout cela, pas vrai : mais qu’importe ?)
… Je leur disais : « Vous êtes les grâces du jour, et la nuit vous aime comme la rosée… »
… La nuit était délicieuse. Le Génie des airs secouait sa chevelure bleue, embaumée de la senteur des pins, et l’on respirait la faible odeur d’ambre qu’exhalaient les crocodiles couchés sous les tamarins des fleuves. La lune brillait au milieu d’un azur sans tache, et sa lumière gris de perle descendait sur la cime indéterminée des forêts. Aucun bruit ne se faisait entendre, hors je ne sais quelle harmonie lointaine qui régnait dans la profondeur du bois : on eût dit que l’âme de la solitude soupirait dans toute l’étendue du désert.
Ne vous y trompez point, de telles choses n’avaient pas encore été écrites. Vous ne les trouverez pas chez Jean-Jacques, et non pas même chez Bernardin de Saint-Pierre. Cela était nouveau, et cela sans doute fut aussitôt reconnu et aimé parce que cela était déjà dans les sensibilités du temps : mais enfin cela était dit pour la première fois. De même, par exemple, qu’Andromaque, en 1668, exprima tout à coup les passions de l’amour comme on ne l’avait pas fait encore : ainsi, en 1801, Atala se trouva exprimer les formes et les couleurs, — avec une sensualité mêlée de rêve, — comme on ne les avait pas encore exprimées.