Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des olympiens et connut les amours des déesses mortelles. La rudesse même et la solitude de son enfance et ce Combourg avare de sourires préparaient en lui ce génie par où il devait régner et plaire. « Cette dure éducation, dit-il, a imprimé à mes sentiments un caractère de mélancolie. »

« On me livra, dit-il encore, à une enfance oisive. » Oisive, mais libre et très peu surveillée. À Saint-Malo, il pousse comme il plaît à Dieu, il vagabonde, se bat et polissonne tout le jour. C’est un gamin un peu court, avec une grosse tête, robuste et dru. Je crois bien qu’il exagère, lorsqu’il dit : « J’étais surtout désolé, quand je paraissais déguenillé au milieu des enfants, fiers de leurs habits neufs et de leur braverie », ou bien, le jour de sa première communion, à Dol : « Mon bouquet et mes habits étaient moins beaux que ceux de mes compagnons. » (Pourquoi ? était-il si pauvre ? ou sa mère si indifférente ?) ou enfin : « Une pierre m’atteignit si rudement (dans une rixe entre galopins) que mon oreille gauche, à moitié détachée, tombait sur mon épaule » (il a cette manie de grossir tout ce qui le touche). Mais il eut, certainement, une enfance tumultueuse, à plaies et à bosses, et qui fait songer à l’enfance de son compatriote Duguesclin.

Il fit des études décousues à Dol, à Rennes, à Dinan. C’était un enfant très orgueilleux et très passionné, en même temps que farouche et rêveur. Tout, dit-il, était passion chez lui, en attendant