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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/155

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peu, un museau de souris, mais des yeux admirables, de jolis bras, de la grâce, cette ardeur languissante que donne la phtisie, enfin ce qu’il fallait pour toucher. D’ailleurs une âme élevée et un grand courage.

Chateaubriand nous dit que le succès d’Atala l’avait déterminé à « recommencer » le Génie du christianisme dont il y avait déjà deux volumes imprimés. En le recommençant, il le « christianisa », je crois, le plus qu’il put. Madame de Beaumont lui offrit une chambre à la campagne, dans une maison qu’elle venait de louer à Savigny-sur-Orge. Il y passa six mois dans le voisinage de Joubert et de sa femme. C’est là qu’il remania et termina son livre, dans une fièvre joyeuse, attendrie par la présence d’une amie malade, mais à qui son mal laissait alors des trêves. « Madame de Beaumont, dit-il, avait la bonté de copier les citations que je lui indiquais. » Ainsi cette amoureuse aidait, selon ses forces, le défenseur de la foi. Apparemment c’est à elle que furent lues d’abord, à mesure qu’elles étaient écrites, les pages du texte définitif. Ces lectures ne durent pas être sans volupté pour elle et pour lui.

Comment l’apologiste de la religion se fût-il souvenu de sa femme ?

L’apparition du livre était, depuis deux ans, annoncée, attendue, préparée ; préparée par la rumeur des salons ressuscités, par la Lettre sur le livre de madame de Staël, par la sensuelle Atala, par