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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/156

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les articles officiels de Fontanes, par les besoins religieux du public et son retour spontané à l’ancien culte (« Ce qui demeurait d’églises entières se rouvrait », dit Chateaubriand lui-même en parlant de l’année 1801) ; préparée enfin, on peut le dire, par le premier consul en personne.

Quelle « réclame » pour un livre que le traité d’Amiens et le Concordat !

Le 18 avril 1802, jour de Pâques, un Te Deum solennel fut chanté à Notre-Dame pour célébrer en même temps la paix générale et le rétablissement du culte. « Le Concordat fut publié dans tous les quartiers de Paris avec grand appareil et par les principales autorités. » (Thiers.) Et le même jour le Génie du christianisme parut, et M. de Fontanes en rendait compte dans le Moniteur.

Je ne vois guère que l’Énéide qui ait rencontré des conditions analogues de publicité. La carrière littéraire du mélancolique René a été une incroyable « réussite ». Autant que j’en puis juger, le Génie du christianisme a été le plus grand succès de toute l’histoire de notre littérature (même pour la vente, si on tient compte du temps, de la nature de l’ouvrage, de son volume et de son prix).

Chateaubriand put se considérer comme étant, avec Bonaparte, le restaurateur du culte. Il put dire : « Bonaparte et moi. » Et il n’y manqua pas.

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Le livre qui eut une telle fortune était-il un chef-d’