Aller au contenu

Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

imagination et au sentiment, par érudition amusante, par images, métaphores, analogies, par équivoques et abus de mots, par anecdotes et descriptions. Cela dut plaire extrêmement. L’auteur pensait aux « hommes de goût », comme il disait lui-même tout à l’heure, et ne voulait point leur paraître un petit esprit. Et il avait raison, et cela même servait l’Église. La foi de Chateaubriand cherche partout des arguments, et qui soient élégants et jolis ; on pourrait presque dire : Elle en cherche partout excepté dans l’Écriture. Et il est bien vrai que l’Écriture est ce qui aurait le moins persuadé le public auquel il s’adressait.

En somme, le Génie du christianisme était parfaitement adapté à son public. Ce livre contre l’impiété du dix-huitième siècle est encore, éminemment, une œuvre du dix-huitième siècle (du moins de celui de Rousseau), puisque c’est une apologie de la religion par des arguments tirés de la sensibilité.

Nous arrivons ainsi à la composition de l’ouvrage.

L’objet et le plan en sont très clairement exposés dans le premier chapitre. L’apologétique ne saurait plus être ce qu’elle était autrefois, parce que les adversaires du christianisme ne sont plus les mêmes. Saint Ignace d’Antioche, saint Irénée, Tertullien combattaient les premières hérésies ; Quadrat, Aristide et saint Justin, les calomnies inventées par les païens contre la religion nouvelle ; Arnobe le rhéteur, Lactance, Eusèbe,