Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/175

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Et le second chapitre me paraît aussi fragile que le premier.

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Messieurs, je ne peux pas vous le taire, ce livre, qui est une grande date, qui a coïncidé et concordé avec un grand événement historique, ce livre du Magicien, de l’Enchanteur, j’ai bien peur qu’il ne soit devenu un peu ennuyeux. J’en avais lu des morceaux, il y a quarante-quatre ans, je m’en souviens, avec une admiration docile. Je ne l’avais pas rouvert depuis (car on ne peut pas lire une bibliothèque tous les matins, et c’est pour cela que nos impressions sur les livres d’autrefois ou sont trop anciennes ou sont trop récentes, et que la critique est si souvent caduque). Or, en lisant ou relisant le Génie du christianisme, j’ai eu quelque peine à aller jusqu’au bout. Cela, sans doute, parce que son contenu a été mille fois ressassé dans des ouvrages venus après lui. Ce qu’il a inspiré, et qui avait été neuf, est devenu banal. Il a souffert de sa gloire même.

La poésie du christianisme, c’est surtout le mysticisme, et il n’y a pas pour un sou de mysticisme dans ce livre. Mais, si le Génie du christianisme n’est pas très profondément chrétien, cela n’empêche pas qu’il fut bienfaisant. Évidemment, les églises se seraient rouvertes sans Chateaubriand. Elles n’avaient été fermées, en réalité, que trois, quatre, cinq ans, selon les régions. Et, quand elles se rouvrirent, combien de paysans avaient lu le livre