Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/177

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chose, en procède aussi ; je sais que le Génie du christianisme a introduit jusque dans la chaire chrétienne le ton romantique, le ton dégagé, le ton artiste, et d’autres mauvais tons : mais tout cela est noyé dans le grand et durable bienfait du livre.

Chateaubriand fut lui-même prisonnier du Génie du christianisme. Prisonnier avantageux, mais prisonnier. Ce livre lui imposa, pour toute sa vie, une attitude de défenseur de la foi et de restaurateur des autels, qui convenait aussi peu que possible à sa vraie et secrète nature d’individualiste forcené, de libre amoureux et, en somme, d’anarchiste. Le Génie du christianisme commanda toute son œuvre littéraire, et, pour commencer, le força de composer laborieusement quoi ? Une épopée, — une épopée en prose, et une épopée chrétienne : les Martyrs.