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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/208

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assieds-toi, écoute… Sais-tu que je suis fée ?… Je suis vierge, vierge de l’île de Sayne ; que je garde ou que je viole mes vœux, j’en mourrai. Tu en seras la cause… Tu me fuis, mais c’est en vain : l’orage t’apporte Velléda, comme cette mousse flétrie qui tombe à tes pieds… Oh ! oui, c’est cela, les Romaines auront épuisé ton cœur ! Tu les auras trop aimées ! Ont-elles donc tant d’avantages sur moi ?… » Une fois, elle fait présent à Eudore (pour Alfred de Vigny) du thème de la Maison du Berger : « Je n’ai jamais aperçu au coin d’un bois la hutte roulante d’un berger, sans songer qu’elle me suffirait avec toi… Nous promènerions notre cabane de solitude en solitude, et notre demeure ne tiendrait pas plus à la terre que notre vie… »

Comme Atala liée par un vœu de virginité, comme Amélie amoureuse de son frère, la prêtresse Velléda est dévorée d’une passion qu’exalte son caractère criminel. Mais Velléda est la plus belle et la plus vivante des « héroïnes » de Chateaubriand. C’est peut-être que Velléda est une image plus développée de sa sœur Lucile. À vrai dire il n’avait pas à se donner beaucoup de peine pour faire de Lucile une druidesse amoureuse, un peu folle et un peu sorcière.

Nous avons déjà vu combien Lucile le hante. Rouvrons le premier volume des Mémoires :

 De la concentration de l’âme naissaient chez ma sœur des
 effets d’esprit extraordinaires : endormie, elle avait