Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/216

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cette critique, et répondit par un long Examen des Martyrs et par des Remarques sur chaque livre du poème. Il s’y montre fort naïvement irrité des censures et fort content de lui. Il s’étonne particulièrement qu’on ait été si méchant pour un ouvrage qui lui a coûté tant de peine. Il dit, à propos de sa peinture du Paradis : « Jamais je n’ai fait un travail plus pénible et plus ingrat. » Il y paraît. Dans les Remarques sur le livre VIII (l’Enfer) : « Ce livre, qui coupe le récit, qui sert à délasser le lecteur ( !) et à faire marcher l’action, offre en cela même une innovation dans l’art qui n’a été remarquée de personne. » En effet. Sur les démons, qui sont des dieux païens : « C’est l’Olympe dans l’enfer, et c’est ce qui fait que cet enfer ne ressemble à aucun de ceux des poètes mes devanciers. » Sur le démon de la fausse sagesse : « Ce démon n’avait point été peint avant moi. » Plus loin : « La peinture du tumulte aux enfers est absolument nouvelle. » Sur le démon de la volupté : « Ce portrait est encore tout entier de l’imagination de l’auteur. » Etc. On a envie de dire : « Allons, tant mieux. Mais nous ne nous soucions que de Velléda. »

« La publication des Martyrs, dit Chateaubriand, coïncide avec un accident funeste. » Son cousin Armand de Chateaubriand était resté en Angleterre. Marié à Jersey, il était chargé de la correspondance des princes. Il menait sur de méchants bateaux une vie héroïque et folle d’