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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/218

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de ma politique, et, en conscience, cela ne doit point l’humilier. »

Le plus certain, c’est qu’Armand fut fusillé : « Le jour de l’exécution, raconte Chateaubriand, je voulus accompagner mon camarade sur son dernier champ de bataille ; je ne trouvai point de voiture, je courus à pied à la plaine de Grenelle, j’arrivai tout en sueur, une seconde trop tard : Armand était fusillé contre le mur d’enceinte de Paris. Sa tête était brisée ; un chien de boucher léchait son sang et sa cervelle. » Quelque chose me dit qu’il a ajouté le chien de boucher.

Et, d’après les Souvenirs de Sémallé, Chateaubriand n’aurait vu ni le chien ni la cervelle. Il s’était décidé (trop tard) à demander une audience à l’empereur. Il passa toute la nuit chez lui, et reçut la lettre d’audience, le matin, après l’exécution d’Armand. Si, comme l’affirme Sémallé, Chateaubriand n’est pas sorti de chez lui ce matin-là, « que devient la course à Grenelle, et l’histoire du chien de boucher et le mouchoir sanglant apporté par Chateaubriand à madame de Custine ? » (A. Cassagne).

« Il parut plus irrité qu’affligé », dit madame de Rémusat. Rien d’étonnant à cela, ni de choquant. Il n’avait pas vu son cousin depuis bien des années. Tout de suite après avoir conté la mort d’Armand, il nous dit : « L’année 1811 fut une des plus remarquables de ma carrière littéraire. Je publiai l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, je remplaçai M. de Chénier