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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/221

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courses dans les solitudes d’Amérique : je les vis souvent perchés sur les wigwams des sauvages. » Ou bien : « Je me suis toujours fait un plaisir de boire de l’eau des rivières célèbres que j’ai passées dans ma vie : ainsi, j’ai bu des eaux du Mississippi » (ce n’est pas sûr), « de la Tamise, du Rhin, du Pô, du Tibre, de l’Eurotas, du Céphise, de l’Hermus, du Granique ( ?), du Jourdain, du Nil, du Tage, et de l’Èbre. »

Au commencement de cette lecture (et je puis bien vous avouer que, jusque-là, je n’avais lu de l’Itinéraire que quelques fragments), je me disais :

—Je sais qu’il faut être respectueux. Je sais qu’il peut y avoir quelque intérêt à voir des lieux où ont vécu de grands hommes, où se sont passées de grandes choses. Pas toujours, cependant. Il faut, ce me semble, que la figure de ces lieux n’ait pas été trop radicalement modifiée. Même alors, je conçois mal que l’intérêt qu’on peut prendre aille jusqu’à l’émotion et jusqu’aux larmes. Un paysage où se sont accomplis de grands faits historiques ressemble beaucoup à un paysage du même genre où il n’est rien arrivé. Je comprends que l’on s’attache à ce qui reste de l’acropole d’Athènes, du forum romain, ou de la petite ville de Pompéi. Mais le champ de bataille le plus illustre est presque toujours pareil à n’importe quel grand morceau de la Beauce ou de la Brie. Tel petit port méditerranéen ne vous paraîtra rien de plus qu’un petit port avec de grosses barques de pêche,