Aller au contenu

Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Néron jusqu’au dernier persécuteur des chrétiens… Encore quelque temps d’un pareil règne, et la France n’eût plus été qu’une caverne de brigands. » Il est peut-être excessif, même dans un pamphlet, de dire : « Buonaparte n’avait rien pour lui hors des talents militaires égalés, sinon même surpassés, par ceux de plusieurs de nos généraux. » Et surtout :

 C’est un grand gagneur de batailles, mais hors de là le
 moindre général est plus habile que lui ( !) Il n’entend rien aux
 retraites et à la chicane du terrain ; il est impatient, incapable
 d’attendre longtemps un résultat, fruit d’une longue combinaison
 militaire ; il ne sait qu’aller en avant, faire des pointes,
 courir, remporter des victoires, comme on l’a dit, à coups
 d’hommes, sacrifier tout pour un succès (dame ! ) sans
 s’embarrasser d’un revers ( ?), tuer la moitié de ses soldats par
 des marches au-dessus des forces humaines. Peu importe, n’a-t-il
 pas la conscription et la matière première ? On a cru qu’il
 avait perfectionné l’art de la guerre et il est certain qu’il l’a
 fait rétrograder vers l’enfance de l’art.

Ce passage est un peu surprenant, et Chateaubriand sent lui-même le besoin de mettre en note : « Il est vrai pourtant qu’il a perfectionné ce qu’on appelle l’administration des armées et le matériel de la guerre. »

Mais ce qui suit est peut-être propre à faire réfléchir :

 Le chef-d’œuvre de l’art militaire chez les peuples civilisés,
 c’est de défendre un grand pays avec une petite