armée ; de
laisser reposer plusieurs millions d’hommes derrière soixante ou quatre-vingt mille soldats ; de sorte que le laboureur qui cultive en paix son sillon sait à peine qu’on se bat à quelques lieues de sa chaumière. L’empire romain était gardé par cent cinquante mille hommes, et César n’avait que quelques légions à Pharsale.
Tout cela est fort adroit. Les guerres de l’ancien régime apparaissent inoffensives. Il y a peut-être quelque outrance dans une phrase comme celle-ci : « Tibère ne s’est jamais joué à ce point de l’espèce humaine. » Et encore je ne sais pas, car je connais mal Tibère, et je ne sais pas non plus si Napoléon est « le plus grand coupable qui ait jamais paru sur la terre » ; car c’est une chose très difficile à savoir. Mais que de remarques excellentes ! Sur l’administration impériale et l’excès de centralisation : « L’administration la plus dispendieuse engloutissait une partie des revenus de l’État. Des armées de douaniers et de receveurs dévoraient les impôts qu’ils étaient chargés de lever. Il n’y avait pas si petit chef de bureau qui n’eût sous lui cinq ou six commis, etc. » Lorsque Chateaubriand nous dit : « Bonaparte a fait périr dans les onze années de son règne plus de cinq millions de Français, ce qui surpasse le nombre de ceux que nos guerres civiles ont enlevés pendant trois siècles, sous les règnes de Jean, de Charles V, de Charles VI, de Charles VII, de Henri II, de François II, de Charles IX, de Henri III et de Henri IV… » cela, même