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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/261

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point de nouveau ravagé la France, nos princes ne seraient point revenus avec les armées ennemies ; la légitimité eût été sauvée par elle-même… » Oui, si son plan avait réussi : il suppose avec intrépidité ce qui est en question. Et il s’écrie : « Pourquoi suis-je venu à une époque où j’étais si mal placé ? Pourquoi ai-je été royaliste contre mon instinct, dans un temps où une véritable race de cour ne pouvait ni m’entendre ni me comprendre ? Pourquoi ai-je été jeté dans cette troupe de médiocrités qui me prenaient pour un écervelé quand je parlais courage, pour un révolutionnaire quand je parlais liberté ? »

Viennent Waterloo et la seconde Restauration : Chateaubriand est nommé de la Chambre des pairs. Il écrit la Monarchie selon la Charte. Il juge ce livre sans défaveur dans ses Mémoires : « La Monarchie selon la Charte est un catéchisme constitutionnel : c’est là qu’on a puisé la plupart des propositions que l’on avance comme nouvelles aujourd’hui. Ainsi ce principe, que le roi règne et ne gouverne pas, se trouve tout entier dans le chapitre sur la prérogative royale. » Il n’y avait peut-être pas de quoi se vanter.

Mais était-il possible, en 1815, de faire autre chose que la monarchie constitutionnelle ? Ne fallait-il pas que l’épreuve en fût tentée ? Pouvait-on refaire les provinces, les assemblées provinciales, les corporations ? Pouvait-on décentraliser quand la centralisation était si utile au régime rétabli ?