Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/268

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Je ne suis sans doute ni Dante, ni Arioste, ni Milton : l’Europe et la France ont vu néanmoins, par le congrès de Vérone, ce que je pourrais faire. »

Le 9 janvier 1822, il est nommé ambassadeur à Londres. « Louis XVIII, dit-il, consentait toujours à m’éloigner. » (On le comprend assez.) Cette ambassade de Londres fut une des grandes joies de sa vie. Et, pour comble de bonheur, il y va sans sa femme. « Madame de Chateaubriand, craignant la mer, n’osa passer le détroit, et je partis seul. » Il dit : « La faiblesse humaine me faisait un plaisir de reparaître connu et puissant là où j’avais été ignoré et faible. » Il goûta ce plaisir avec un émerveillement toujours renouvelé.

Ce fut comme ambassadeur de France à Londres qu’il prit part au joyeux congrès de Vérone. Puis il est, enfin ! ministre des affaires étrangères, et contribue notablement à la guerre d’Espagne.

Je ne me lasse pas de le citer : « Ma guerre d’Espagne, le grand événement politique de ma vie, était une gigantesque entreprise. La légitimité allait pour la première fois brûler de la poudre sous le drapeau blanc… Enjamber d’un pas les Espagnes, réussir sur le même sol où naguère les armées d’un conquérant avaient eu des revers, faire en six mois ce qu’il n’avait pu faire en sept ans, qui aurait pu prétendre à ce prodige ? C’est pourtant ce que j’ai fait. » Mon Dieu, oui. En réalité, la Restauration avait justement pour elle, en