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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/269

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Espagne, ce que l’empereur avait eu contre lui : le peuple et les moines. Le succès, d’ailleurs, semble dû surtout à l’audace ingénieuse de ce Gil-Blas de financier Ouvrard et à l’habile achat des consciences de presque tous les principaux chefs de la révolution espagnole…

Je comprends mieux aujourd’hui que je ne l’eusse fait il y a quinze ans les raisons de Chateaubriand royaliste : « Deux sentiments, dit-il, nous avaient constamment obsédé depuis la Restauration : l’horreur des traités de Vienne, le désir de donner aux Bourbons une armée capable de défendre le trône et d’émanciper la France. L’Espagne, en nous mettant en danger, à la fois par ses principes et par sa séparation du royaume de Louis XIV, paraissait être le vrai champ de bataille où nous pouvions, avec de grands périls il est vrai, mais avec un grand honneur, restaurer à la fois notre puissance politique et notre force militaire. » (Congrès de Vérone.) Et encore : « La légitimité se mourait faute de victoires après les triomphes de Napoléon. » Ou bien : Il s’agissait de « replacer la France au rang des puissances militaires » et de « réhabiliter la cocarde blanche dans une guerre courte, presque sans danger ». (Il parlait tout à l’heure de « grands périls », mais il l’a oublié.)

D’après Chateaubriand lui-même, la guerre d’Espagne — sauf chez les royalistes purs et chez les officiers, qui voulaient « avancer », — « n’était pas