Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/276

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aux gages d’un libraire. » Et voici ce qui augmente son mérite. Il écrit de madame de Chateaubriand : « Elle avait la tête tournée d’être ambassadrice à Rome… Elle aime la représentation, les titres et la fortune ; elle déteste la pauvreté et le ménage chétif ; elle méprise ces susceptibilités, ces excès de fidélité et d’immolation, qu’elle regarde comme de vraies duperies dont personne ne vous sait gré ; elle n’aurait jamais crié vive le roi quand même ; mais, quand il s’agit de moi, tout change ; elle accepte d’un esprit ferme mes disgrâces, en les maudissant. » Cela veut dire que, lorsqu’il se démettait d’une place lucrative, sa femme lui faisait une vie d’enfer. Lui-même était furieux d’être héroïque, mais il était héroïque. Oui, sa plus grande gloire, après ses livres, c’est d’avoir su donner magnifiquement sa démission.

À ce moment, la politique extérieure est brillante et prospère. Le roi et M. de Polignac se croient assez forts pour faire les « Ordonnances ». Qu’est-ce que les ordonnances ? Chateaubriand dit dans les Mémoires : «… Sans doute la presse tend à subjuguer la souveraineté, à forcer la royauté et les Chambres à lui obéir ; sans doute, dans les derniers jours de la Restauration, la presse, n’écoutant que sa passion, a, sans égard aux intérêts et à l’honneur de la France, attaqué l’expédition d’Alger, développé les causes, les moyens, les préparatifs, les chances d’un non-succès ; elle a divulgué