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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/277

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les secrets de l’armement, instruit l’ennemi de l’état de nos forces, compté nos troupes et nos vaisseaux, indiqué jusqu’au point de débarquement… » Et il ajoute : « Tout cela est vrai et odieux ; mais le remède ? » — Le remède radical, c’était sans doute la suppression de la liberté de la presse. Et en effet la première ordonnance opérait cette suppression. Une autre dissolvait la Chambre récemment élue. Une autre refaisait la loi d’élection dans un sens restrictif. Tout cela en vertu de l’article 14 de la Charte, entendu, il est vrai, un peu pharisaïquement : « Le roi est le chef suprême de l’État, commande les forces de terre et de mer, déclare la guerre, fait les traités de paix, d’alliance et de commerce, nomme à tous les emplois d’administration publique, et fait les règlements et ordonnances nécessaires pour l’exécution des lois et la sûreté de l’État. »

Je n’ai pas à juger ici les ordonnances. Pendant trente ans de ma vie elles m’ont fait horreur. Maintenant je ne sais plus… Mais en tout cas il fallait prévoir, il fallait pouvoir, il fallait réussir… Et ce Polignac ne paraît pas avoir été de force.

Chateaubriand, devenu personnage populaire, chef de la jeunesse, s’indigna des ordonnances : « Dans le cas où elles eussent triomphé, j’étais résolu à ne pas m’y soumettre, à écrire, à parler contre ces mesures inconstitutionnelles. » (Il n’avait pas toujours eu de ces délicatesses. À la Chambre de 1815, il avait, par exemple, demandé la suspension