Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/303

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comme des reflets épars de mon existence, donnent une sorte

 d’unité indéfinissable à mon travail : mon berceau a de ma
 tombe, ma tombe a de mon berceau ; mes souffrances deviennent
 du plaisir, mes plaisirs des douleurs, et l’on ne sait si ces
 Mémoires sont l’ouvrage d’une tête brune ou chenue.

Quatre grandes divisions : Première partie : Années de jeunesse ; le soldat et le voyageur (1768-1800). — Deuxième partie : Carrière littéraire (1800-1814). — Troisième partie : Carrière politique (1814-1830). — Quatrième partie : Les dernières années. — Et tout cela forme douze volumes dans l’édition originale et six volumes de cinq à six cents pages dans l’édition Edmond Biré.

De ces quatre parties, il est difficile de dire quelle est la plus belle. Il ne me semble pas qu’au cours de ces trois mille pages il y ait des défaillances sérieuses ni même des moments de sommeil. L’intérêt se maintient parce que, au fond, l’intérêt qu’il prend aux choses, c’est toujours l’intérêt qu’il prend à lui-même. Le style, presque tout en sensations et en images, ne faiblit point. Cette façon d’écrire, qui est comme une gageure, se soutient jusqu’au bout, ou même, en avançant, paraît plus surprenante. Peut-être y a-t-il, dans la partie qui a été la dernière écrite et qui est celle du milieu, plus d’audace et plus de raccourci dans l’expression et, si vous le voulez, plus de mauvais goût, mais un mauvais goût plus éclatant. Il