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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/325

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cette confession : « Je suis bien malheureuse ; aussitôt que j’en aime un, il s’en trouve un autre qui me plaît davantage. » Madame de Noailles était un peu chouanne et conspiratrice. Ce fut elle (d’après M. Albert Cassagne) qui attisa, chez Chateaubriand, les sentiments d’où sortit le fameux article du Mercure. Elle devint madame de Mouchy (en 1816, par la mort de son beau-père). Elle eut la raison égarée pendant les dernières années de sa vie. Madame de Duras, écrivant à madame Swetchine, semble mettre un peu la démence de madame de Mouchy sur le compte de Chateaubriand : « Je vous ai montré des lettres de ma pauvre amie ; vous avez admiré avec moi… cette délicatesse, cette fierté blessée qui depuis longtemps empoisonnait sa vie, car il n’y a pas de situation plus cruelle, selon moi, que de valoir mieux que sa conduite… Il faut joindre à cela des sentiments blessés ou point compris… Tout l’ensemble de cette situation a produit ce que cela devait produire : sa tête s’est égarée… » Madame de Duras parle ailleurs des « chagrins dont on devrait mourir et dont on ne meurt pas ». Enfin, on n’en meurt pas. Et on n’en devient pas nécessairement fou. Chateaubriand ne saurait être responsable de toutes les souffrances de ses amies. D’abord, elles étaient trop. Et puis elles savaient d’avance ce qu’il était, ce qu’il ne pouvait pas ne pas être.

Enfin, il y a madame Récamier. La liaison de Juliette