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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/341

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conviction et une extrême ténacité. Il écrit pour la préface de l’édition de 1836 : « Cette tragédie en cinq actes, avec des chœurs, m’a coûté un long travail ; je n’ai cessé de la revoir et de la corriger depuis une vingtaine d’années. » Il dit encore que Talma lui avait donné d’excellents conseils. Moïse, lu au comité du Théâtre-Français, en 1821, fut reçu à l’unanimité. Heureusement pour lui, ses amis s’alarmèrent. « Les uns avaient la bonté de me croire un trop grand personnage pour m’exposer aux sifflets ; les autres pensaient que j’allais gâter ma vie politique, et interrompre en même temps la carrière de tous les hommes qui marchaient avec moi. » Comment ? je ne le vois pas bien ; mais enfin il retira sa pièce.

Il fit bien. (Cependant Moïse fut joué cinq fois en 1834 au théâtre de Versailles, dans des conditions assez misérables, à ce qu’il semble. L’auteur n’assistait pas à la représentation. — Voir Chateaubriand poète, par M. Charles Comte.) Mais pourquoi un Moïse ? Toujours la tyrannie du rôle. L’auteur du Génie du christianisme, s’il écrivait une tragédie, ne pouvait écrire qu’une tragédie sacrée. « Le sujet, dit-il, est la première idolâtrie des Hébreux ; idolâtrie qui compromettait les destinées de ce peuple et du monde. » Pendant que Moïse s’entretient avec Dieu sur le Sinaï, son neveu Nadab s’est épris d’une captive amalécite, Arzane. Le bruit ayant couru que Moïse est mort, Nadab se déclare à la belle captive, lui propose de l’épouser et de la couronner