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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/342

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reine d’Amalec : Arzane, qui hait Israël, exige qu’en outre il adore Baal, Moloch et Phogor. Mais Moïse redescend de la montagne avec les tables de la loi. Nadab résiste à ses anathèmes ; il résiste aux larmes de son père Aaron ; il suit la séductrice, il s’apprête à sacrifier à Baal… Sur quoi Moïse fait lapider Arzane par les lévites et le peuple, pendant que Nadab est frappé de la foudre.

Dans les deux ou trois dernières années de sa vie, le vieux Bossuet, ne pouvant plus rien faire, faisait des vers, parce que cela lui paraissait plus facile qu’autre chose. Il en faisait chaque jour par centaines. Il mettait en vers le Cantique des cantiques, parce que la méditation du Cantique des cantiques, c’est la volupté permise aux saints. Il mettait en vers l’histoire des Trois amantes, qui sont la pécheresse de saint Luc, Marie, sœur de Lazare, et Marie-Madeleine. Il mettait leur histoire en vers, parce qu’une pécheresse, c’est une femme. Et ces vers ne sont pas précisément mauvais ; mais ils sont d’une facilité effroyable. Il est étrange que de la même main soient partis une prose de tant de muscles et des vers de tant de lymphe.

(Je crois que les meilleurs vers de Bossuet sont ces deux-ci, adressés à la pécheresse à propos de Jésus :

 Jamais une plus belle proie
 Ne fut prise dans tes cheveux.)

Les vers de Chateaubriand ne sont pas mauvais non plus. Seulement, autant sa prose est colorée et