Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/37

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s’appuyant des troupes de l’empereur ou du pape ; en Angleterre les barons se soulevant contre Jean sans Terre ; enfin, de nos jours, il citait la république des États-Unis implorant le secours de la France. » Mais Chateaubriand nous donne ensuite le vrai mobile de son acte : « Je ne cédai réellement qu’au mouvement de mon âge, au point d’honneur. » Deux décrets ayant déjà frappé les émigrés, « c’était dans ces rangs déjà proscrits, dit-il, que j’accourais me placer… La menace du plus fort me fait toujours passer du côté du plus faible ». Là, il ne ment pas. L’orgueil, l’impossibilité de « subir », l’impossibilité d’être longtemps avec la masse, le besoin d’être seul ou avec le petit nombre… ce sera toujours sa vraie, sa seule vertu.

Il sort de Paris le 15 juillet 1792 avec son frère le comte de Chateaubriand. Ils avaient deux passeports pour Lille. Ils passent par Tournay, par Bruxelles, « quartier général de la haute émigration », où « les femmes les plus élégantes de Paris et les hommes les plus à la mode, ceux qui ne pouvaient marcher que comme aides de camp, attendaient dans les plaisirs les moments de la victoire » ; il laisse son frère à Bruxelles, traverse Liège, Aix-la-Chapelle, Cologne, Coblentz, Trêves, où il rejoint l’armée des princes. L’ordre est de marcher sur Thionville (où commande Wimpfen). L’armée royaliste y arrive le 1er septembre.

« Auprès de notre camp indigent et obscur en existait un autre brillant et riche. À l’état-major