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le Périple d’Hannon de quelques pages de Cook sur les îles Sandwich.
Ici, une page révélatrice. Il vient d’opposer à l’ignorance d’Hannon la science de Cook. Mais tout à coup :
Cependant, il faut l’avouer, ce que nous gagnons du côté des sciences, nous le perdons en sentiment. L’âme des anciens aimait à se plonger dans le vague infini ; la nôtre est circonscrite par nos connaissances. Quel est l’homme sensible qui ne s’est trouvé souvent à l’étroit dans une petite circonférence de quelques millions de lieues ? Lorsque, dans l’intérieur du Canada, je gravissais une montagne, mes regards se portaient toujours à l’ouest, sur les déserts infréquentés qui s’étendent dans cette longitude. À l’orient, mon imagination rencontrait aussitôt l’Atlantique, des pays parcourus, et je perdais mes plaisirs. Mais, à l’aspect opposé, il m’en prenait presque aussi mal. J’arrivais incessamment à la mer du Sud, de là en Asie, de là en Europe, de là… J’eusse voulu pouvoir dire, comme les Grecs : « Et là-bas ! là-bas ! la terre inconnue, la terre immense ! »
Cela est bien de lui. C’est en somme ce vaste désir d’inexploré qui lui a fait entreprendre, à vingt-cinq ans, ce voyage de l’esprit à travers le monde ancien et le monde moderne, et chercher des visions dans le temps, comme il avait cherché des images dans l’espace. Il est remarquable que le premier ouvrage de ce jeune homme insatiable, un ouvrage qui devait avoir cinq gros volumes, ait été une espèce d’histoire universelle, et une histoire universelle