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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/64

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tel il sera toujours, même sous la Restauration : « Un triomphe de sa raison sur son penchant. »

Au deuxième volume de l’Essai, l’auteur reprend infatigablement ses inutiles parallèles. Mais les boutades, les poussées d’humeur, les confessions directes ou indirectes deviennent de plus en plus nombreuses.

 J’avoue (dit-il), que je crois en théorie au principe de la
 souveraineté du peuple ; mais j’ajoute aussi que, si on le met
 rigoureusement en pratique, il vaut beaucoup mieux pour le genre
 humain redevenir sauvage et s’enfuir tout nu dans les bois.

Il se fait de Périclès une image charmante et déjà renanienne, oserai-je dire, et où il met beaucoup de lui-même : « Périclès avait pris le vrai sentier pour arriver au bonheur. Traitant le monde selon sa portée, lorsque la nécessité le forçait d’y paraître, il s’y présentait avec des idées communes et un cœur de glace. Mais le soir, renfermé secrètement avec Aspasie et un petit nombre d’amis choisis, il leur découvrait ses opinions cachées et un cœur de feu. »

Tel sans doute il était lui-même quelquefois, avec des amis, le soir, dans quelque taverne de Londres. Plus tard, Sainte-Beuve dira : « Il y avait un Chateaubriand secret aussi lâché et débridé de ton que l’autre l’était peu, mais celui-là connu seulement d’un très petit nombre dans l’intimité. »