Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/68

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que Rousseau « a brisé l’édifice de nos idées sociales » ; parce qu’il a montré « que nous existions comme dans une espèce de monde factice ». « L’étonnement dut être grand lorsque Rousseau vint à jeter parmi ses contemporains abâtardis l’homme vierge de la nature. »

Jusque-là, Chateaubriand n’est, en effet, qu’un disciple de Rousseau. On peut croire qu’il est resté, comme son maître, vaguement chrétien. Mais tout à coup, sans qu’on s’y attende, sans que le dessein général de son livre paraisse l’y obliger, il se met à nous faire l’histoire du paganisme, puis l’histoire du christianisme. C’est donc pour nous dire des choses qui lui tiennent au cœur. Or, après avoir parlé de Jésus dans le même esprit que Jean-Jacques (quoique beaucoup plus froidement), il intitule un chapitre : la Chute du christianisme s’accélère ; puis, il se donne le froid plaisir de résumer, contre le christianisme, contre son histoire, son dogme et sa discipline, les objections de Voltaire, de Diderot et des encyclopédistes. Il nous avertit, il est vrai, qu’« il n’y est pour rien », et qu’il ne fait que « rapporter les raisonnements des autres » ; mais attendez.

Sur un exemplaire que Sainte-Beuve a eu entre les mains, et où Chateaubriand avait noté de sa main les modifications à faire pour une seconde édition, il avait ajouté aussi, en guise de commentaire, « ses plus secrètes pensées », que voici.