Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/67

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va remplir ces heures de silence. » Enfin, « peut-être aussi, lorsque tout repose, entre deux ou trois heures du matin, au murmure des vents et de la pluie qui battent contre vos fenêtres, écrivez-vous ce que vous savez des hommes ». Et c’est en effet à ces heures-là surtout que le pauvre garçon écrivait : c’est à ces heures-là, au bruit du vent, « auprès d’un humble feu et d’une lumière vacillante » qu’il a tracé les lignes que je viens de vous lire.

Et la méditation finit d’une façon brève et terrible sur cette phrase : « Mais, après tout, il faut toujours en revenir à ceci : sans les premières nécessités de la vie, point de remèdes à nos maux. »

N’oublions jamais qu’à l’origine de l’œuvre de Chateaubriand, il y a eu sept années de misère à Londres et une longue débauche presque ininterrompue de solitude et de tristesse.

Après ce chapitre : Aux Infortunés, le voilà, encore une fois, courageusement reparti pour ses parallèles. Il compare les destinées et les morts d’Agis de Sparte, de Charles Ier d’Angleterre et de Louis XVI. Il recommence à comparer les philosophes grecs et les philosophes modernes. Il rapproche Platon, Fénelon, Rousseau. La République et le Télémaque ont du bon : mais l’Émile ! « Le sage doit regarder cet écrit de Jean-Jacques comme un trésor. Peut-être n’y a-t-il dans le monde entier que cinq ouvrages à lire : l’Émile en est un. » Pourquoi ? Parce