reprend (nous sommes en 1799) le manuscrit de 2.383 pages in-folio (paraît-il) qu’il avait rapporté d’Amérique. Avec cela, il fait les Natchez, dont Atala et René sont des épisodes. C’était un dessein formé depuis longtemps : « J’étais encore très jeune lorsque je conçus l’idée de faire l’épopée de l’homme de la nature (toujours l’influence de Rousseau) et de peindre les mœurs des sauvages, en les liant à quelque événement connu. »
Mais, lorsqu’en 1800 il quitta l’Angleterre pour rentrer en France, il n’osa pas se charger d’un trop lourd bagage et laissa à Londres le manuscrit des Natchez, sauf Atala et René et quelques descriptions de l’Amérique :
Quelques années s’écoulèrent avant que les communications avec la Grande-Bretagne se rouvrissent. Je ne songeai guère à mes papiers dans le premier moment de la Restauration ; et d’ailleurs, comment les retrouver ? Ils étaient restés renfermés dans une malle, chez une Anglaise qui m’avait loué un petit appartement à Londres. J’avais oublié le nom de cette femme ; le nom de la rue et le numéro de la maison où j’avais demeuré étaient également sortis de ma mémoire.
Il y a là un détachement, ou une insouciance, qui ne sent pas son homme de lettres. Chateaubriand était également capable et de cette insouciance et de la plus monstrueuse vanité.
Malgré tant de difficultés, il paraît qu’on retrouva la rue, la maison, les enfants de l’hôtesse, et le manuscrit des Natchez. L’auteur les « corrigea », on ne peut pas savoir dans quelle mesure, et les