Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/92

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Ainsi Vigny, faisant parler son languissant et mélancolique Satan :

 Je leur donne des nuits qui consolent des jours.
 Je suis le roi secret des secrètes amours…

Ce démon de la nuit va faire la nuit et l’orage sur le champ de bataille. Le combat cesse, on échange les prisonniers, une trêve d’un an est conclue. Et là-dessus Chateaubriand remise décidément son « merveilleux » chrétien, jusqu’aux Martyrs.

   *    *    *    *    *

Mais vous vous rappelez peut-être cette tribu de l’Aigle qui est partie contre les Illinois. Elle rentre dans ses huttes, laissant René aux mains de l’ennemi. René va subir les plus affreux supplices, lorsqu’il est sauvé par Outougamiz qui survient mystérieusement et qui ramène René, blessé et malade, à travers des périls extraordinaires (et cela forme, je pense, une des parties les moins ennuyeuses du roman).

Ici finit le douzième livre de l’épopée. Le reste n’est point divisé en « livres » et (c’est l’auteur qui nous en prévient) est écrit « sur le ton de la simple narration ». Pas tant que cela : mais enfin le style de cette seconde partie des Natchez est un peu moins tendu. Pourquoi cette différence ? Chateaubriand ne nous le dit pas. Je crois que, tout simplement, travaillant sur l’énorme manuscrit primitif des Natchez, il n’a eu le temps et le courage d’