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Page:Lemaître - Corneille et la Poétique d’Aristote, 1888.djvu/23

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PREMIER DISCOURS

De l’utilité et des parties du poème dramatique.

On voit, dès le début, que Corneille se souciera moins d’exprimer sa véritable pensée que de la rendre conforme aux préceptes d’Aristote. Il se donnera pour cela une peine infinie, et nous sourirons parfois de l’angoisse du pauvre homme tiré d’un côté par son instinct de poète, et de l’autre par le respect de son maître, Çà et là, il lui résiste, et c’est pour nous une joie ; car ce qu’il ose penser malgré Aristote a d’autant plus de valeur qu’il ne le pense qu’à son corps défendant. Et ainsi ces dissentiments éplorés nous font connaître à la fois avec certitude les erreurs et les défaillances du philosophe grec et les idées ou les sentiments essentiels de son commentateur ; ils jugent Aristote et nous révèlent Corneille.

Le préambule de ce premier Discours fourmille de contradictions. Corneille nous dit d’abord que « le seul but de la poésie dramatique est de plaire aux spectateurs », mais qu’elle doit « plaire selon les