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Page:Lemaître - Impressions de théâtre, 7e série, 1896.djvu/348

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Elle a une mélancolie tout à fait distinguée et de paresseuses façons de condescendre à vendre aux clients la Lanterne ou le Petit Parisien

Elle a tendresse de cœur pour un petit cousin, André, commis de librairie. Rien de très profond, pourtant, à ce qu’il semble. Elle le préfère parce qu’il a de la lecture et qu’elle le trouve plus élégant que les autres hommes de sa connaissance, voilà tout. Il est fort probable qu’elle ne l’épouserait pas, car il est pauvre ; et puis il est sur le point de partir pour le régiment. Au reste, aucun mot n’a été échangé entre eux, qui les oblige.

Cependant, le cabinet de lecture ne va pas fort. Mme Boisset est une bonne dame indolente qui oublie de réclamer les volumes et qui, du fauteuil où elle est affalée, prie les clients de se servir eux-mêmes et leur dit, d’une voix molle, des choses désagréables quand ils ne sont pas contents… Et voilà comment elle doit deux termes à M. Langlois, son propriétaire. M. Langlois insinue qu’il est bien fâcheux que Mme Louise ait pour lui si peu d’amitié ; que, chacun y mettant du sien, on aurait pu s’arranger… La molle Mme Boisset fait son devoir de mère de drame populaire et rembarre le vieux polisson. A quoi il réplique qu’il aura le regret de mettre les deux femmes à la porte.

Ici intervient Jean Darlot. C’est un ouvrier mécanicien, honnête, intelligent, « franc comme l’or ». Il aime depuis longtemps Mlle Louise, et il a essayé