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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/141

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tre la plus brillante et frivole compagnie, et où il lui est arrivé de jouer lui-même un rôle dans sa comédie de l’Engagement téméraire. Cette petite femme ardente est curieuse de Rousseau. Elle dit de lui, dans ses Mémoires, après leurs premières rencontres :

Il est complimenteur sans être poli ou au moins sans en avoir l’air (j’ai déjà cité ce mot pénétrant). Il paraît ignorer les usages du monde ; mais il est aisé de voir qu’il a infiniment d’esprit. Il a le teint brun ; et des yeux pleins de feu animent sa physionomie. Lorsqu’il a parlé et qu’on le regarde, il paraît joli ; mais lorsqu’on se le rappelle, c’est toujours en laid. (Il est vrai qu’elle le déteste au moment où elle écrit ses Mémoires.) On dit qu’il est d’une mauvaise santé, et qu’il a des souffrances qu’il cache avec soin, par je ne sais quel principe de vanité ; c’est apparemment ce qui lui donne, de temps en temps, l’air farouche… On dit toute son histoire aussi bizarre que sa personne, et ce n’est pas peu.

Et plus loin :

Vous n’imaginez pas combien j’ai trouvé de douceur à causer avec lui.

Bref, madame d’Épinay en tient un peu pour Jean-Jacques. C’est surtout, semble-t-il, curiosité et vanité. Elle veut avoir « son grand homme ». Elle l’appelle déjà « mon ours ».

Un jour qu’ils se promenaient tous deux, ils avaient poussé jusqu’au réservoir des eaux du