Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/17

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« expliquer son caractère ». Tous ses ouvrages étaient déjà des sortes de confessions. Mais en outre, il a pris soin d’écrire lui-même ses Confessions expresses, et quelles confessions ! Les plus sincères, je ne sais, mais à coup sûr les plus détaillées, les plus complaisantes, les plus impudentes sans doute, mais aussi les plus candides apparemment et peut-être les plus courageuses, et en tout cas les plus singulières et les plus passionnantes qui aient jamais été écrites.

Je crois donc qu’une étude sur Jean-Jacques pourrait être une biographie morale continue, où l’histoire de ses livres se mêlerait intimement à l’analyse de ses Confessions. Et c’est ce que j’essayerai de faire.

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Je voudrais aujourd’hui suivre les Confessions de Jean-Jacques jusqu’à son dernier départ des Charmettes. Il avait alors vingt-neuf ans. Ce sont donc, proprement, ses « années d’apprentissage ».

Que le plus beau livre de Rousseau ait été sa confession, c’est-à-dire le récit de sa vie la plus intime et la description de son « moi » le plus secret, c’est déjà très curieux. Si le romantisme est, comme on l’affirme, l’étalage de l’individu dans la littérature, les Confessions de Jean-Jacques fondaient donc, du premier coup, le romantisme et en donnaient un modèle qui n’a pu être dépassé. Et, en outre, que Jean-Jacques ait eu l’idée d’écrire