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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/176

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château, qui est proche de la maisonnette de Montlouis, et voilà ses projets de retraite renversés. Le duc et la duchesse lui font quelques avances, et presque aussitôt il reprend ses chaînes. Chaînes moins lourdes, il est vrai, que celles de la Chevrette, Jean-Jacques fait ses conditions : on ne le recevra que dans l’intimité ; on ne l’obligera pas à être des soupers. Il semble d’ailleurs que monsieur et madame de Luxembourg aient été beaucoup moins indiscrets avec lui que naguère madame d’Épinay. Mais, tout de même, ce n’est déjà plus la liberté. Notre faux Huron ne pouvait s’empêcher ni de la désirer, ni de l’abdiquer en des mains aristocratiques. Et tant de récidives nous feraient croire que, dans le fond, il aimait cette servitude-là.

Il est vrai qu’il était tombé, cette fois, sur des gens qui ne la lui faisaient pas trop sentir.

Le maréchal de Luxembourg était un excellent homme, de façons simples et cordiales. Il prit tout de suite Jean-Jacques par sa bonhomie. Il l’appelait son cher ami. Jean-Jacques se mit à l’adorer, car il allait toujours, pour commencer, jusqu’à l’adoration. Mais tout de même le rang du maréchal lui en imposait. Il paraît, dans ses lettres, songer à ce rang plus que n’y songeait le bon maréchal lui-même. Et cependant Jean-Jacques veut garder l’allure d’un homme libre, que les grandeurs n’éblouissent point. Et de là bien des embarras :

Vos bontés, écrit-il au maréchal, m’ont mis dans une perplexité qui augmente le désir de n’en être pas