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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/184

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assez peut-être, et pas assez longtemps. Mais l’éloignement, les années, la défiance croissante de Jean-Jacques leur sont peut-être une excuse.

Au surplus, c’est bien sa faute !

Écoutez cette phrase, qu’on sent avoir été écrite avec un sensible plaisir :

…Cette terrasse me servait de salle de compagnie pour recevoir monsieur et madame de Luxembourg, monsieur le duc de Villeroy, monsieur le prince de Tingry, monsieur le marquis d’Armentières, madame la duchesse de Montmorencey, madame la duchesse de Boufflers, madame la comtesse de Valentinois, madame la comtesse de Boufflers, et d’autres personnes de ce rang (il faudrait ajouter le prince de Conti) qui, du château, ne dédaignaient pas de faire, par une montée très fatigante, le pèlerinage de Montlouis.

Diable ! c’est encore mieux qu’à l’Ermitage. Mais qu’est-ce que Jean-Jacques va faire dans ce monde-là ?

Ils ont des façons parfaites, c’est vrai, et personne ne sait mieux qu’eux et mieux qu’elles tourner un compliment. Mais enfin ces seigneurs et ces dames sont des privilégiés entre les privilégiés. Ils représentent tout ce que Rousseau, dans ses premiers ouvrages, dit exécrer le plus : les mensonges et la corruption mondaine et l’inégalité la plus insolente. Ce luxe, ce raffinement, cette « vie inimitable » ne peut que rappeler à Jean-Jacques l’amas prodigieux d’injustices et de misères qu’elle suppose au-dessous d’elle et dont elle se nourrit. Et pour-