Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/282

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Il écrit à d’Ivernois (13 janvier 1767) :

Vous avez pu voir dans nos liaisons que je ne suis pas visionnaire, et dans le Contrat social je n’ai jamais approuvé le gouvernement démocratique.

(Et il peut le soutenir et même le croire, le livre étant plein de contradictions.)

Il écrit au marquis de Mirabeau (26 juillet 1767).

Voici, dans mes vieilles idées, le grand problème en politique, que je compare à celui de la quadrature du cercle en géométrie : trouver une forme de gouvernement qui mettra la loi au-dessus de l’homme.

(Et c’est bien, en effet, la quadrature du cercle, puisque la loi sera toujours faite par des hommes et appliquée par des hommes).

Si cette forme est trouvable, continue-t-il, cherchons-la… Si malheureusement elle n’est pas trouvable, et j’avoue ingénument que je crois qu’elle ne l’est pas, mon avis est qu’il faut passer à l’autre extrémité, et mettre tout d’un coup l’homme autant au-dessus des lois qu’il peut être ; par conséquent établir le despotisme arbitraire et le plus arbitraire, qu’il est possible.

(C’est peut-être aussi qu’à ce moment-là Rousseau venait d’éprouver la bienfaisance du roi de Prusse.)

Je voudrais, poursuit-il, que le despote pût être Dieu. En un mot, je ne vois pas de milieu supportable entre la plus austère démocratie et le hobbisme le plus parfait ; car le conflit des hommes et des lois, qui met l’État dans une guerre intestine continuelle, est le pire de tous les états politiques.