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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/283

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Puis, comme effrayé d’avoir pu écrire ces choses :

Mais les Caligula, les Néron, les Tibère !… Mon Dieu, je me roule par terre et je gémis d’être homme.

Il se roule par terre en pensant au lointain Néron, c’est très bien. Mais enfin il ne tient plus du tout au Contrat.

Il y tient si peu que, six mois après (janvier-février 1768), dans de longues lettres à son compatriote d’Ivernois, s’occupant des troubles de Genève et de la réforme de sa Constitution, il cherche, — comme ferait Montesquieu lui-même, — des combinaisons et des balances d’attributions entre les divers pouvoirs politiques (Petit Conseil, Grand Conseil, et Conseil général ou corps des électeurs) ; et que, finalement, désespérant de voir les discordes civiles s’apaiser, il jette à ses amis de Genève cette exhortation à l’antique, qui semble extraite d’un Conciones extravagant :

…Oui, messieurs, il vous reste un dernier parti à prendre, et c’est, j’ose le dire, le seul qui soit digne de vous. C’est, au lieu de souiller vos mains dans le sang de vos compatriotes, de leur abandonner ces murs qui devaient être l’asile de la liberté et qui vont n’être plus qu’un repaire de tyrans ; c’est d’en sortir tous, tous ensemble, en plein jour, vos femmes et vos enfants au milieu de vous, et, puisqu’il faut porter des fers, d’aller porter du moins ceux de quelque grand prince, et non pas l’insupportable et odieux joug de vos égaux.

Ces dernières paroles sont fort belles. Elles ré-