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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/309

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tament et lui recommander Thérèse, comme il avait fait à Duclos.

Adieu, monsieur, je pars pour la patrie des âmes justes, j’espèce y trouver peu d’évêques et de gens d’Église, mais beaucoup d’hommes comme vous et moi.

Je note ce projet de suicide. Plus tard, en Dauphiné, dans la lettre où il propose à Thérèse la séparation, il lui promet de ne pas se suicider. Tout cela prouve du moins qu’il y songeait quelquefois.

Cependant il ne se tue pas. Il se rétablit pour de nouvelles douleurs. L’hiver est dur à Motiers. Pendant six mois, il ne peut mettre les pieds dehors. Tout en faisant des lacets, ou en fendant du bois pour suer l’urine dont il a le corps ravagé, il médite sur l’universelle injustice dont il est victime, sur son infortune qu’il juge unique au monde. Thérèse devient moins douce, car elle se déplaît en pays étranger — et protestant, elle, commère catholique.

A Genève, l’agitation continue. Les partisans de Rousseau font au Conseil des « représentations », dont il ne tient compte. Pour défendre le Conseil, le procureur général Tronchin écrit, sur le cas de Rousseau et contre Rousseau, les Lettres de la Campagne. Rousseau, déchaîné cette fois, répond par les Lettres de la Montagne (neuf lettres en deux parties ; trois cents pages environ).

Dans la deuxième partie, il développe la constitution de Genève et le mécanisme du « droit de