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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/310

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représentation », et démontre l’illégalité de la procédure dont on avait usé envers lui.

La première partie est restée intéressante. Elle est fort belle par endroits. Sans doute, dans la plupart de ces pages, il ne fait que maintenir les idées du Vicaire Savoyard et son droit de les exprimer librement, même à Genève. Mais on y trouve aussi des choses que Rousseau n’avait pas encore dites.

D’abord le passage où il ramène la Réformation à son vrai principe, qui est le libre examen individuel, et en tire, bien longtemps d’avance, les conclusions du « protestantisme libéral » (qui, vraiment, n’est plus une religion confessionnelle). Rousseau réserve pourtant deux points :

Pourvu, dit-il, qu’on respecte toute la Bible et qu’on s’accorde sur les points principaux, on vit selon la réformation évangélique.

On ne voit pas, à vrai dire, pourquoi le libre examen s’arrêterait devant la sainteté de la Bible et devant certains points de son interprétation. Le propre d’une religion fondée sur le libre examen semble bien être de se détruire enfin elle-même ; et c’est ce qui arriverait sans doute à la Réforme, si, au bout du compte, le commun des protestants n’étaient des hommes comme les autres, pliés, par sens pratique, à une habitude et à une tradition, peu capables de critique, et chez qui la liberté d’examen est un principe et une prétention beau-