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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/327

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monsieur… Quoi donc, mon cher monsieur ?… » — Et les autres griefs de Jean-Jacques sont à l’avenant.

Il reste, je crois, que Hume, à l’origine, a manqué un peu de délicatesse, — et qu’ensuite il a manqué d’indulgence. Mais il est vrai qu’il en fallait beaucoup avec un si étrange malade.

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Rousseau quitte Wootton en mai 1767. Pendant trois années encore, — inquiet, effaré, malade, — poussant la manie du soupçon jusqu’à se croire visé par deux vers inoffensifs d’une tragédie de Du Belloy ; — quittant brusquement Grenoble parce qu’un bonhomme de président, après l’avoir accablé de politesses, lui avoue naïvement qu’il ne connaît pas ses ouvrages ; — inscrivant sur des portes d’auberge les pensées de son orgueil ; — entrevoyant quelquefois sa propre démence, comme lorsqu’il écrit à M. de Saint-Germain : « Si j’avais trouvé plutôt un cœur où le mien osât s’ouvrir…, ma raison s’en trouverait mieux », ou à d’Ivernois : « Je commence à craindre, après tant de malheurs réels, d’en voir quelquefois d’imaginaires qui peuvent agir sur mon cerveau (28 mars 1768) » ; puis ressaisi par ses visions habituelles ; — n’ayant plus, pour tous livres, que Plutarque, l’Astrée et le Tasse ; — incapable, dit-il, de penser ; — incapable de demeurer longtemps à la même place, — il reprend, déjà vieux, la vie errante de son adolescence et de sa jeunesse ; se fait appeler