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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/328

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« Renou » (du nom de famille de la mère Levasseur) ; s’en va à Fleury-sous-Meudon, chez le marquis de Mirabeau ; puis à Trye, chez le prince de Conti, d’où le délogent les tracasseries des domestiques qui lui refusent, dit-il, les fruits et les légumes du jardin ; puis à Lyon, puis à Grenoble, puis à Bourgoin, où il épouse Thérèse en présence de Dieu, de la nature et de deux citoyens vertueux ; puis à Monquin, d’où le chasse la querelle de Thérèse avec une servante ; puis (de nouveau) à Lyon, — et enfin à Paris, où il s’installe rue Plâtrière à son domicile d’autrefois, et reprend l’habit français.

C’est là que, pendant huit ans, il vit — enfin — comme un sage. Il n’est plus — enfin — l’obligé de personne. Il paye — enfin — son loyer comme tout le monde. Il a renoncé — enfin — aux grands seigneurs et aux grandes dames. Il ne lit plus guère et n’écrit presque pas. Mais il s’amuse à la botanique, il se promène, il herborise. Il a à peu près douze cents livres de rente viagère ; à quoi il ajoute environ cinq cents livres bon an mal an, en copiant de la musique, ce qui est son plaisir. (En six ans, six mille pages de musique à dix sous).

Nous avons, sur ce Rousseau des dernières années, beaucoup de témoignages, parmi lesquels l’Essai (inachevé) sur Jean-Jacques Rousseau, de Bernardin de Saint-Pierre ; les six Lettres de Corancez dans le Journal de Paris, an VI ; et Mes visites à J.-J. Rousseau par M. Eymar, fils d’un négociant de Marseille et venu à Paris pour voir son idole.