Pour cette nouvelle génération, Rousseau est une espèce de saint laïque. Saint-Pierre, Corancez, Eymar ne voient que ses vertus, qui furent réelles et qui, au moment où ils connurent Rousseau, étaient à peu près dégagées de tout mauvais alliage.
On a beaucoup accusé Rousseau d’avoir été ingrat. Ce n’est pas mon avis, — deux ou trois mauvais mouvements de sa jeunesse mis à part. — Seulement, il se défend mal contre les bienfaiteurs qui s’imposent à lui par vanité, et il paraît ingrat lorsqu’enfin, excédé, il se dérobe brusquement. Mais il n’a été ingrat ni pour madame de Warens, ni pour Thérèse, ni pour monsieur et madame de Luxembourg, ni pour Malesherbes, ni pour mylord Maréchal, ni pour les Roguin, le Dupeyrou, les Moultou, les Corancez, etc..
Durant ses dernières années, il apparaît dans tout son beau. Rousseau, il faut le dire, est extrêmement désintéressé. Tout autre que lui aurait, avec ses livres (même à cette époque), fait une petite fortune. Nous le voyons, lui pauvre, renoncer tranquillement à une pension du roi d’Angleterre, parce qu’il l’avait eue par l’intermédiaire de Hume. — Il est très charitable, très bienfaisant, comme on disait alors. Il est sobre. Il est d’une charmante simplicité de mœurs. Il est doux, poli, aimable. Il est pieux. Il est indulgent. Il ne dit jamais de mal de personne, — (excepté, vers la fin, de ceux par qui il croit être persécuté, et seulement en tant qu’ils le persécutent ; et il est à remarquer que, dans ses