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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/359

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neur de Jean-Jacques. Sept discours, — et quels discours ! — et des chants, et des emblèmes, et des allégories. Une de ces fêtes qu’il rêvait dans sa Lettre sur les Spectacles. — Il y a aussi un Éloge de Rousseau, qui a concouru pour le prix de l’Académie française (1790) ; et l’Éloge de Rousseau, citoyen de Genève par Michel Edme Petit, citoyen français (1793). On y voit ce que peuvent devenir les idées de Rousseau dans le cerveau d’un imbécile. C’est d’une sottise extraordinaire, et d’une sottise toute prête à devenir féroce. Et il y a enfin (car je ne puis tout mentionner) des Réflexions philosophiques et impartiales sur J.-J. Rousseau et madame de Warens, où Rousseau est non seulement excusé, mais glorifié pour l’abandon de ses enfants, et comparé à Brutus et à Manlius sacrifiant leurs fils à la patrie ! Rousseau est simplement, pour les nigauds et les coquins de ce temps-là, le sauveur, le rédempteur de l’humanité. Sans lui, sans quelques phrases de cet étranger dans son Discours sur l’inégalité, surtout sans son Contrat social (auquel il tenait si peu), il est possible qu’on n’eût pas songé, en 1792, à faire la république.

En littérature, ce que Rousseau a légué aux générations qui l’ont suivi, c’est le romantisme, c’est-à-dire (au fond et en somme, et quoique bien des poèmes ou livres de romantiques semblent échapper à cette définition) l’individualisme encore, l’individualisme littéraire, l’étalage du « moi », — et la rêverie inutile et solitaire, et le désir, et