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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/57

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Jacques, car il s’avise ensuite d’attribuer à quelque défaut physique secret la vile condition où Zulietta est réduite, — mais thème essentiellement romantique dans les lignes que j’ai citées. Jean-Jacques près de Zulietta, n’est-ce pas déjà Rolla près du lit de Marion ? et ne saisissez-vous pas une ressemblance de sentiment et de ton entre la méditation, encore tempérée, de Jean-Jacques, et les effusions miséricordieuses et effrénées de Rolla :

    Ô Chaos éternel, prostituer l’enfance !…
    Pauvreté ! Pauvreté ! c’est toi la courtisane,
    C’est toi qui dans ce lit as poussé cet enfant
    Que la Grèce eût jeté sur l’autel de Diane !…

Et plus loin :

    Jacque était immobile et regardait Marie…
    Il se sentait frémir d’un frisson inconnu.
    N’était-ce pas sa sœur, cette prostituée ?…

Oui, il me semble bien que l’emphase, la déraison et ce que j’appellerai la disproportion romantique entre les sentiments et les choses est déjà dans cet épisode de la Zulietta.

Nous arrivons à Thérèse.

De retour à Paris, Jean-Jacques, tombé de ses ambitions, était fort triste et fort désemparé. Il s’installe de nouveau à l’hôtel Saint-Quentin, rue des Cordiers, près de la Sorbonne. Les pensionnaires mangeaient avec l’hôtesse et une jeune lingère de vingt-deux à vingt-trois ans, Thérèse. La